Née en mai 2017, L𝐚 𝐃i𝐬c𝐨t𝐡è𝐪u𝐞 𝐀f𝐫i𝐜a𝐢n𝐞, c’est une lettre d’information autour du répertoire musical africain des années 60 à nos jours. Originaux, rééditions, compilations, K7, mais aussi anecdotes et parcours de vie, L𝐚 𝐃i𝐬c𝐨t𝐡è𝐪u𝐞 𝐀f𝐫i𝐜a𝐢n𝐞, ce sont surtout des mixes élaborés avec soin par quelques passionné•e•s, avec comme chef d’orchestre 𝗧𝗼𝗻𝘆 𝗦𝘄𝗮𝗿𝗲𝘇, agitateur bien connu de la cité phocéenne.
Vous trouverez ci-dessous mes contributions à la lettre.
SYNTHETIZED AFREAKA (1980-1988)
Les années 1980 ouvrent une nouvelle ère musicale par la généralisation d’un nouvel instrumentarium et de techniques renouvelées de production musicale : boites à rythmes, synthétiseurs, électronique musicale et studio digital. Les scènes musicales africaines n’échappent pas à cette déferlante et un son nouveau jaillit au travers de cette décennie souvent décriée par les puristes, récusant la perte d’ « authenticité » musicale. Pourtant, comme chacun·e d’entre nous, la musique n’est pas mais devient, et cette sélection propose ainsi une traversée pan-africaine des esthétiques musicales synthétisée des années 1980, entre Nigéria, Ghana, Cape Vert, Cameroun, Congo, Ethiopie, Côte d’Ivoire et Bénin.
MOROCCAN GNAWA ODYSSEY
En 2002, je débarque à Fès, au Maroc, pour étudier et travailler sur les dynamiques associatives de la médina de cette ville millénaire. Premier voyage d’envergure, je profite de cette année pour voyager dans le pays et découvrir ses nombreuses facettes. Un ami cher, Khalid, que je rejoins quotidiennement au café me parle souvent d’un groupe dont je n’écouterai les chansons qu’à mon retour. Un groupe qui toucha le coeur du peuple marocain et qui reste aujourd’hui un totem indépassable : Nass El Ghiwane. Je me plonge également dans la musique gnawa, émanation d’une communauté d’origine subsaharienne descendante d’esclaves, basée dans le sud du pays, et dont la ville d’adoption est Essaouira.
Depuis ce voyage marquant, j’ai développé une attache particulière avec ce pays et ses musiques, et particulièrement cette musique progressive, à l’instrumentarium simple – crotales, guembri et chants – qu’est la musique gnawa. Patiemment, j’ai accumulé des disques d’hier et d’aujourd’hui pour finalement constituer une sélection présentant, je l’espère, la richesse de ses expressions mystiques, cosmiques et psychédéliques.
SOUTH AFRICA SPECIAL – BOOGIE & ELECTRONIC SIDE
L’amapiano, genre musical hybridant kwaito, house et jazz, déferle aujourd’hui sur le monde. Cette scène sud-africaine influence le global sound contemporain avec sa cadence mid-tempo, ses ambiances clair-obscures et ses basses n’ayant rien à envier aux productions jungle des
années 1990. L’amapiano est la dernier avatar du génie musical sud-africain, cette terre et ce peuple aussi malmenés par l’histoire que créatif et inventif au niveau musical et artistique.
Mixtape dédiée aux musiques sud-africaines, le deuxième volet propose une revue boogie, disco jazz and électronique, avec entre autres Brenda and The Big Dudes, Gwen Brisco, Letta Mbulu, Lionel Martin Pillay, Senyaka, Native Soul, Hugh Masekela.
SOUTH AFRICA SPECIAL – JAZZ SIDE
Premier volet d’une mixtape dédiée aux musiques sud-africaines, cette sélection explore leur JAZZ SIDE, croisant les sous-genres – post-bop, modal jazz, cape jazz, vocal jazz et jazz fusion – et les époques, depuis le Ibrahim Khalil Shihab Quintet, le roi Dollar Brand (Abdullah Ibrahim) ou Jabula jusqu’à la scène contemporaine avec Mabuta, Zoë Modiga ou Dumama + Kechou, diffusée en Europe grâce aux labels Afro Synth et Mushroom Hour Half Hour.
AFRICAINE.INTERIEUR.NUIT
Bien que les musiques africaines soient communément synonymes de luminosité, de polyrythmies et d’éclats solaires, elles peuvent être aussi intimistes et profondes, complices de ballades nocturnes délicates. C’est dans cet esprit que j’ai pensé et enregistré ce set, rassemblant des morceaux enregistrés entre 1973 et 2020. La première partie fait la part belle aux voies féminines avec la regrettée artiste zimbabwéenne Chiwoniso Maraire, l’immense Césaria Evora ou la griote malienne Bako Dagnon. Parce que le chemin emprunté par la sélection impose le tempo, ce dernier s’emballe quelque peu ensuite avec en point d’orgue l’entêtant titre Binam d’André-Marie Tala. Après une halte lusophone assurée par Vasco Martins, Mario Rui Silva ou le musicien mozambicain Virgilio Massingue, la dernière partie de cette luxuriante nuit se conclut sur des notes reggae avec le méconnu Rémy Boussengui, les Ambassadeurs Internationaux ou Siassia et Tokobina.